La culture de l'esprit

zombie

Les zombies existent, mystérieux procédé de fabrication

Dans notre imaginaire collectif occidental, le mort-vivant est une créature privée de conscience, souvent à la suite d’une infection. Le mot s’est ancré dans notre langage, mais d’où proviennent ses racines ? Comment l’être humain a-t-il donné naissance à ces créatures ? Les zombies existent-ils vraiment ?

Les racines du mot Zombie proviennent d’une langue africaine “zumbi” signifiant alors “Fétiche”. Autrement dit le Zombie est un objet de culte, et trouve sa place dans les rituels animistes (religion qui confère à chaque chose une âme, qui influence le monde tangible).

Est-ce que les zombies existent ?

En 2015, Philippe Charlier nous a livré ses études sur les morts vivants : “Zombis”. Son livre, duquel cet article puise en partie ses sources, est une aventure médico-anthropologique à travers laquelle nous découvrons les racines du zombie, et son expression actuelle.

Suite à des études et à des voyages effectués à Haïti au 20ème siècle, le terme Zombie prend place dans la culture occidentale. Livres, films puis enfin séries adapteront l’étrangeté de ce terme.

zombie

C’est à Haïti que le mot Zombie tel que nous le connaissons a pris forme. L’arrivée des esclaves africains au 16ème siècle a fait émerger un étrange culte. Sous l’influence animiste, des croyances locales et du christianisme, et dans un contexte dénué de structure sociale, les populations ont cherché une stabilité. Plutôt que d’attendre la justice, le groupe s’est mis à éliminer ses criminels en les transformant en zombies. Le zombie, fétiche, est un outil social.

Fabriquer un zombie

Pour faire d’une personne un zombie, il faut que celle-ci ait fait du tort à la société ou bien que quelqu’un se soit mis en tête de l’éliminer. Celui qui souhaite se débarrasser de cette personne va alors voir le Bokor (sorcier vaudou) et lui achète ses services. Le Bokor s’arrange pour droguer la victime avec de la tétrodotoxine. Ce poison va la paralyser et bloquer ses signes vitaux, la personne sera alors déclarée morte par un médecin. Ensuite, complétement consciente de ce qui l’entoure mais incapable d’agir, la victime est enterrée vivante. Dans la nuit, le fameux Bokor et son équipe de loups-garous débarquent. Ils déterrent le zombie et prennent en charge la suite des soins.

Cette pousse provient du même champ :   Comment détruire le Mal et faire le Bien ?
Bol d'encens

Le certificat de décès est confirmé. Un nouveau nom est donné à l’individu qui est socialement mort, puisqu’il n’existe plus pour la société. Cependant il survie biologiquement dans un état de mort-vivant.

La victime, souvent envoyée aux travaux forcés, y restera jusqu’à la fin de sa vie. Privée de conscience par une alimentation bien spécifique dépourvue de sodium et agrémentée de barbituriques, elle n’aura même pas idée de s’enfuir. Le barbiturique va agir sur le système nerveux central, en activant le neurotransmetteur GABA (frein du système nerveux), il va ralentir la transmission des signaux nerveux et plonger l’individu dans une sorte de léthargie. A terme, un œdème cérébral s’installe et paralyse l’activité consciente.

Le retour des morts vivants

Finalement, le Bokor a pris un rôle de stabilisation sociale. Plutôt que d’attendre la justice ou pour évincer un concurrent, on va voir le sorcier. Il prend sa paye, puis transforme un être humain en une espèce de fétiche, qui errera ensuite jusqu’à sa mort. Ce procédé, malgré sa violence, confère à la société une certaine stabilité autour du culte. L’assassinat est perçu comme un rituel jugé nécessaire par les individus du groupe, ce qui empêche toutes formes de représailles.

Actuellement, les zombies existent toujours à Haïti. Leurs corps sont possédés ; à demi conscients, ils errent entre la vie et la mort. A travers notre fascination moderne pour ces créatures, pouvons-nous imaginer que certains hommes sont bel et bien des Morts-Vivants ? Je me ferai un plaisir de lire votre avis en commentaires !


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  1. Nina

    Cette forme de “spiritualité négative ” presque ” diabolique ” est effrayante.
    J’en suis effarée !
    Je pense aussi aux expériences en hôpitaux psychiatriques qui n’étaient pas toujours suivies d’excellents résultats mais plutôt de ” zombification humaine”.
    Je pense aux prisonniers de guerre..
    Toujours sous couvert de pouvoir, de vengeance et / ou de puissance thérapeutique, spirituelle l’homme s’autorise à se croire ” dieu” et à détruire son semblable

    • Oui c’est terrible, que ce soit sous l’égide de La science ou de la religion, l’homme parvient toujours à se débarrasser de ce qui lui semble être de la mauvaise graine…

  2. Vérène Schaeffer

    Les zombies ne sont probablement rien de plus qu’un objet de fiction, en psychiatrie, les morts-vivants ne sont pas strictement relégués au statut de légende. Ainsi, les personnes atteintes du syndrome de Cotard sont celles qui se rapprochent le plus de ces créatures à la frontière entre vie et mort : habitées par l’impression que leur corps est passé de vie à trépas, elles errent sans comprendre pourquoi elles ne sont pas encore passées de l’autre côté du voile.

    Le syndrome de Cotard est une bête étrange parmi les créatures qui peuplent le monde de la psychiatrie. Caractérisé par une négation de l’existence de son propre corps, il oblige le sujet à mener son existence avec le sentiment de n’être rien de plus qu’un mort vivant, une coquille vide, un cadavre errant à la surface de la Planète. Typiquement présent dans le cas d’une dépression associée à une rupture psychotique, ce délire constitue une grande source de souffrance pour les personnes qui en sont atteintes.

    A cause de ces idées délirantes et de ces altérations, il n’est pas rare que les patients se mettent physiquement en danger. Tandis que certains cesseront de se laver, d’autres perdront la perception de la douleur ou iront jusqu’à s’affamer, ne voyant pas l’utilité de nourrir un corps mort.

    Une étude publiée dans le journal PubMeb en 2009 évoque le cas d’un patient convaincu de sa propre mort et inquiet du fait qu’on ne l’avait pas encore enterré. Une femme de 46 ans « avait l’impression constante de n’avoir aucune identité ou de “soi”, et d’être seulement un corps sans contenu, racontent les chercheurs. En outre, elle était convaincue que son cerveau était absent, que ses intestins n’étaient plus là, et que tout son corps était translucide. Elle refusait de prendre un bain ou douche parce qu’elle avait peur d’être soluble et de disparaître dans le siphon ».

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