Pour Tolstoï, l’écriture doit avoir un sens et s’éloigner de ce qu’il appelait les “romans” (souvent ses propres livres d’ailleurs). Les mots inscrits sur le papier existent pour transmettre des codes, des valeurs, en somme des outils qui permettent de mieux vivre sa vie. Le livre doit répondre à des besoins viscéraux de changement.
Il ne faut écrire qu’au moment où chaque fois que tu trempes ta plume dans l’encre un morceau de ta chair reste dans l’encrier.
Léon Tolstoï
Parmi ses travaux essentiels, on peut compter parmi toute l’œuvre de Léon Tolstoï ses contes et nouvelles. En effet, en plus d’en écrire lui-même, il a souhaité compiler et traduire les plus belles œuvres de l’humanité : Contes, récits, fables: 1869-1872, Léon tolstoï.
Feu allumé ne s’éteint plus
Dans cette nouvelle, deux paysans voisins, pour des raisons d’amour propre et de sombres instincts, s’adonnent à la destruction de leurs fermes. Tout d’abord il se produit une chose insignifiante (découvrez dans cette légende comment une petite cause produit de grands effets) de cette chose découle de la rancœur, de la haine et de la vengeance. Incapables de se pardonner, les deux paysans font escalader la violence jusqu’à ce que leurs fermes soient consumées toutes deux par les flammes.
Si, au premier acte, le paysan avait été capable de pardonner à son voisin sans chercher la vengeance, il aurait épargné sa ferme. Cette nouvelle nous apprend que plutôt qu’œil pour œil, dent pour dent, comme le conseille l’ancien testament, il est préférable de se tourner vers Le Pardon du nouveau testament, qui représente une avancée sociale permettant à la société de ne pas s’auto-détruire.
Les deux vieillards
La deuxième nouvelle dont j’aimerais vous parler raconte le pèlerinage de deux vieillards. Depuis des années les anciens souhaitent partir pour Jérusalem, et enfin il s’y décident. Ils randonnent, cassent la graine, puis en arrivant dans un village l’un des deux s’en va remplir son eau dans une maison tandis que l’autre continue sa progression.
En débarquant dans l’isba (maison de paysan russe), le vieillard découvre des corps presque inertes, la pauvre famille se laisse dépérir et n’est plus capable du moindre mouvement. En vérité, la récolte a été désastreuse. Après avoir tenté de survivre à la famine, les malheureux se sont abandonnés aux bras de la mort. Alors le vieillard fera tout pour les sauver, sacrifiant par-là l’argent mis de côté pour son pèlerinage.
De son côté, l’autre ami a continué sa route et est parvenu à Jérusalem. Il fait la visite habituelle tout en tenant fermement son portefeuille, de peur de se le faire voler. Enfin, il se rend dans la grotte du Saint-Sépulcre pour assister à l’office.
Alors qu’il balaye la foule du regard, ses yeux s’écarquillent car il aperçoit au loin, tout près de l’autel, son compagnon de voyage qu’il avait pourtant laissé sur les terres de Russie.
Tout d’abord il croit à une illusion, pourtant il finira par distinguer parfaitement le visage de son ami. Plusieurs fois il tentera de s’en approcher, mais toujours il sera refoulé, et son ami se dissipera en pur esprit.
Un pèlerinage près de chez soi
Finalement, pour effectuer un pèlerinage dédié à Dieu, c’est-à-dire à tout ce qui favorise la vie, les vieillards n’avaient pas besoin de parcourir le monde. En procurant de l’amour, en sauvant une famille, le bon vieillard s’est symboliquement transporté au plus près du Saint-Sépulcre, car il était au plus près des paroles du Christ.
Au contraire, en souhaitant simplement profiter d’idoles froides, faites de pierres, l’autre vieillard s’est éloigné de ses valeurs. En pensant s’en approcher, il s’est finalement éloigné de Dieu.
Le plus beau temple dédié à Dieu, c’est le corps. Toutes les créations humaines ce ne sont que des idoles et des effigies glacées. En sauvant les corps, le bon vieillard a appliqué ses valeurs pour trouver la paix de son âme.
La vie ne communie pas dans les églises froides, mais en l’homme à travers ses sens et sa chaleur. En se rendant jusqu’à Jérusalem, le pèlerin avare a oublié sur le chemin d’agir pour la vie, et n’a finalement servi que ses propres envies.
Femme, lui dit Jésus, crois-moi, l’heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père.
Jésus Christ
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nina
Higelin / la croisade des enfants
“Pourra-t-on un jour vivre sur la terre sans colère sans mépris
Sans chercher ailleurs qu’au fond
de son cœur la réponse au mystère de la vie
Dans le ventre de l’univers des milliards d’étoile naissent et meurt à chaque instant où l’homme apprend la guerre à ses enfants
Refrain
J’suis trop petit pour me prendre au sérieux trop sérieux pour faire le jeu des grands assez grand pour affronter la vie trop petit être malheureux”
Le mot pèlerinage me fait penser à cette histoire des enfants qui partent en croisade.
Ce pèlerinage de la croix est une survivance des déplacements de personnes ou de groupes de personnes vers un lieu saint, sacré, un sanctuaire Chrétien.
“péregrinus ” : l’étranger !
nous sommes tous sur cette terre un étranger en voyage, un pèlerin dans la vallée des joies et des larmes et nous allons vers… Voilà bien le Mystère sacré de la vie.
Cette dévotion à un lieu saint, à une relique, à un lieu sacré ou un grand personnage ainsi qu’à une divinité ou un arbre date des premiers temps de l’humanité.
Et je ne peux m’empêcher de songer au temple dédié à Asclépios en Epidaure, haut lieu de guérison et de surnaturelle présence divine.
“Le rituel à accomplir était celui de l’incubation thérapeutique (du latin in/cubare, se coucher sur ; en particulier : se coucher « dans un temple sur la peau de victimes pour attendre les songes de la divinité et en tirer une interprétation » ; cf. Gaffiot, s.v.).
Cette itinérance ciblée permet comme dans le labyrinthe d’Ariane de renouer le fil au centre de soi même, de se retrouver en totale unité. Et de se transformer. Une forme de catalepsie.
Toujours en portant des offrandes et enfin recevoir un cadeau sacré, réalisation d’un voeu, la guérison du corps ou de l’esprit, une aide propice… Toutes sortes d’idées germent durant le voyage.
Encore ne faut il pas se tromper sur son propre but et sur son propre désir !
Je reviens sur la croisade des enfants de Marcel Schwob dans le livre ” la lampe de psyché.
“Récit des trois petits enfants : Nous trois, Nicolas qui ne sait point parler, Alain et Denis, nous sommes partis sur les routes pour aller vers Jérusalem. Il y a longtemps que nous marchons. Ce sont des voix blanches qui nous ont appelés dans la nuit. Elles appelaient tous les petits enfants. Elles étaient comme les voix des oiseaux morts pendant l’hiver. Et d’abord nous avons vu beaucoup de pauvres oiseaux étendus sur la terre gelée, beaucoup de petits oiseaux dont la gorge était rouge. Ensuite nous avons vu les premières fleurs et les premières feuilles et nous en avons tressé des croix.”
https://fr.wikisource.org/wiki/La_Lampe_de_Psych%C3%A9/La_Croisade_des_enfants
https://fr.wikisource.org/wiki/La_Lampe_de_Psych%C3%A9
Devenir pèlerin serait-ce s’oublier, tout abandonner pour revenir un jour à son point de départ en étant transformé et enrichi spirituellement ?
Serait-ce affronter ses ombres et ses spectres et entrer en toute conscience dans la crypte de son âme ?
Mais pour cela est il nécessaire de s’en aller bien loin ?
L’anthropologie religieuse de toutes les nations anciennes ou contemporaines parlent bien souvent du “voyage intérieur” qui ne demande rien d’autre que d’être “ici et maintenant” et présent à soi -même et aux autres dans l ‘honnêteté et la compassion pour atteindre le point lumineux de son âme.
https://youtu.be/RSQRZdlGYg8
“heureux qui, comme Ulysse
a fait un beau voyage…”
Le Champ Des Mots
Le pèlerinage, dans son sens commun, a comme fonction de s’unifier autour d’une croyance commune et/ou de se retrouver en soi-même de manière à structurer ses pensées au cours d’une marche. Cette marche, en activant la circulation sanguine tout en oxygénant l’organisme, va provoquer l’assainissement de l’esprit.
Effectivement il ne faut pas se tromper sur son propre but et désir ; si on souhaite vivre en respectant une religion, il faut en appliquer les préceptes sans les détourner pour servir ses vanités.
Le pèlerinage est une étape pour un croyant, un objectif à atteindre, et quel plus bel achèvement pour un chrétien que d’aider son prochain ?