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prométhée dévoré par l'aigle de zeus

Le mythe de Prométhée, Analyse et résumé

Le mot Prométhée signifie : le prévoyant. Dans la mythologie grecque, Prométhée est un titan, qui possède la capacité de pressentir les évènements et donc d’agir en conséquence. La réflexion passe avant l’action, c’est de cette intelligence qu’il usera pour protéger les hommes de Zeus. Voici donc le résumé du mythe de Prométhée, l’analyse de son sens et de sa morale.

Le mythe de Prométhée résumé

Par sa capacité de prévoyance, Prométhée jouera souvent le rôle de changement dans l’ordre des choses. Dès qu’un bouleversement se profile à l’horizon, Prométhée se tient prêt à jouer son rôle. On pourrait dire que ce titan symbolise les évènements qui poussent l’humanité en avant en bouleversant l’ordre établi.

Son mythe débute lorsqu’il aide Zeus à détrôner les titans en lui apportant force et ruse. Sous son élan, Zeus instaure un nouvel ordre dans l’Olympe en s’imposant comme Dieu suprême.

zeus dieu des dieux

Mais ce nouvel Olympe était ennuyeux, sans guerre contre les titans, sans fantaisies… Alors pour passer leur ennui les Dieux créèrent les êtres vivants, puis enfin les hommes à leur image. Cependant, avant s’insuffler la vie à ces créatures, il faut les doter de qualités afin qu’elles puissent survivre. Les unes furent munies de force, d’agilité, de fourrure… mais lorsque ce fut le tour des hommes, il ne restait plus aucune qualité à leur fournir. Nus, sans crocs ni griffes, les hommes étaient condamnés.

C’est alors que Prométhée intercèdera auprès de Zeus afin de récupérer une qualité à concéder aux hommes. Zeus accepte, et les hommes reçoivent le feu, leur permettant de se protéger et de se nourrir. Encore une fois, Prométhée agit comme porteur d’un changement.

Prométhée le porteur du feu sacré

Depuis, les hommes s’épanouissent dans la paix et l’abondance, jouissant des biens célestes d’égal à égal avec les dieux. Mais Zeus l’égoïste ne peut accepter que ces créatures, créées pourtant à son image, soit son égal. Dans son orgueil de démiurge, Zeus condamna les hommes à rester sur la Terre, et leur retira les biens qui faisaient leur bonheur autrefois. Tous les dieux sont ravis de cette décision qui flatte leur ego, sauf Prométhée notre bon titan.

Encore une fois, sentant que les hommes ont leur rôle à jouer dans l’équilibre de l’univers, Prométhée se sacrifiera pour eux. Il est la petite cause qui déclenchera de grandes conséquences (pour illustrer cet effet papillon je vous invite à lire cette nouvelle philosophique).

le mythe de Prométhée résumé, prométhée dérobe le feu sacré aux dieux

Chargé de répartir les richesses entre les hommes et les Dieux, Prométhée rusera pour berner Zeus et offrir à l’humanité la plus belle part. Zeus, blessé dans sa toute puissance, saisi par un désir de vengeance très humain, infligera aux hommes les pires maux. Reprenant notamment le feu, instrument de survie, qu’il leur avait donné jadis.

Cette pousse provient du même champ :   L'anneau unique, symbole du mal selon Tolkien

Mais Prométhée n’était pas décidé à abandonner les hommes. Il s’introduira discrètement dans l’Olympe pour dérober le feu sacré aux Dieux, et l’offrir aux mortels. C’est pour cette raison qu’il est parfois associé à Lucifer, l’ange déchu porteur de lumière. Son rôle est symboliquement le même, celui d’apporter sa lumière à une humanité en détresse.

Le supplice de Prométhée

Il est le prévoyant, Prométhée savait donc ce qui lui en couterait de faire ainsi affront aux Dieux, et particulièrement à Zeus. Son acte est donc un véritable sacrifice.

Le rusé Zeus s’arrangera, notamment en utilisant la boite de Pandore, pour déverser toutes les souffrances possibles sur l’humanité. Il punit ainsi les mortels, mais ne peut en rester là. Sa colère doit s’exprimer sur le malheureux Prométhée, qui a eu comme seul tort de vouloir rendre aux hommes la vie meilleure. Prométhée est enchaîné sur un rocher, condamné à se faire dévorer le foie par un aigle éternellement. Son foie se régénère, afin que le supplice ne cesse jamais.

le supplice de prométhée

Avec courage il accepte cette sentence, car au fond de lui il possède encore un atout… un secret que Zeus souhaitera découvrir. Trop curieux, le démiurge finira par délivrer Prométhée, qui pourtant représentait l’opposition même à son pouvoir. C’est la curiosité qui fit faillir Zeus, encore une qualité bien humaine…

Le sens du mythe de Prométhée

Le mythe de Prométhée prend du sens si on perçoit ce personnage comme une force de changement. Dans la structure de l’univers il est la cause qui défait les anciennes règles, bouleversant temporairement l’équilibre afin qu’un nouveau s’installe ensuite.

C’est aussi le porteur de lumière, qui apporte aux hommes les qualités nécessaires à leur survie. Il intercède entre les Dieux et les mortels, autrement dit entre les lois de l’univers et la douleur qu’elles infligent aux créatures humaines. Prométhée est une graine d’espoir dans tout ce système divin-humain, faisant en sorte que malgré les souffrances, la vie perdure et s’épanouisse sur terre. Le rôle de Prométhée dans l’équilibre de l’univers est donc de provoquer les modifications de structures hiérarchiques, divines et humaines, afin de pousser l’univers en avant vers le but qui lui est assigné.

Et vous, comment décryptez-vous ce mythe ? Je suis curieux de lire votre réponse en commentaire.


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  1. Superbe article et belle interprétation de ce mythe. Voir Prométhée comme une force de changement (changement nécessaire, car sans changement, ce qui est aujourd’hui dégénère)est une idée intéressante. Aussi ne faut-il pas oublier que tout changement n’est pas forcément pour un mieux et que détruire notre culture, cette sagesse millénaire n’est pas forcément toujours pour le mieux étant donné la nécessité des hiérarchies pour qu’un monde soit viable et pour qu’on puisse interagir avec celui-ci.

    Te lire m’a fait penser à 2 citations : « Wisdom through excess » William Blake et « Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche. » Apocalypse 3:16, sous-entendant qu’il vaut mieux agir (peu importe la direction, positive ou négative, car l’on sera pardonné si nous péchons) que de rester assis à ne rien faire (être tiède). Prométhée était-il chaud ou froid ? Voulant faire le bien, mais commettant un péché dans le même temps ?

    « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », fonctionnant des 2 sens : Aime les autres comme toi même mais aussi aime-toi comme tu aimes ton prochain. Prométhée a peut-être oublié ce second sens.

    Lorsque je parlais du mythe de Prométhée avec Nina, nous nous sommes posé la question : faudrait-il se comporter comme lui, est-ce un idéal à imiter (question que je me pose souvent en lisant ce type d’histoire) ? Ce qui arrive à Prométhée n’est pas très tentant : « Prométhée est enchaîné sur un rocher, condamné à se faire dévorer le foie par un aigle éternellement. Son foie se régénère, afin que le supplice ne cesse jamais. » Donc peut-être n’est-ce pas désirable de faire de même, car nos actions ne devraient pas nous mener à vivre un enfer permanent, mais nous élever.

    La punition pour les hommes ? Devoir travailler éternellement (même punition pour Adam après avoir mangé le fruit défendu). Peut-être cette punition est en faite une nécessité, un cadeau de Dieu pour rappeler à l’Homme comment il doit se comporter pour mériter ce Feu sacré (le coup de la conscience, devoir sacrifier le présent pour le futur). Feu sacré étant la récompense. On ne peut voler une récompense comme on ne peut accéder au paradis si ne n’est que par le Christ. Cela m’a fait penser à la tentation du Christ dans le désert : « Le diable le transporta encore sur une montagne très élevée, lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire et lui dit: «Je te donnerai tout cela, si tu te prosternes pour m’adorer.» Jésus lui dit alors: «Retire-toi, Satan! En effet, il est écrit: c’est le Seigneur, ton Dieu, que tu adoreras et c’est lui seul que tu serviras. » Sous entendant, ne prends pas le chemin facile, le chemin du diable, car ce n’est pas la bonne façon pour obtenir ce que tu désires (le Feu sacré, le paradis).

    • Un changement modifie l’équilibre, s’il s’avère que le changement est négatif dans son ensemble il est éliminé par la nature, et la condition initiale se rétablit à nouveau. Prométhée est cependant cette force de changement inévitable, il bouleverse un ordre des choses qui, par la modification du milieu ne pouvait plus persister. Le porteur du feu sacré induit alors un nouvel ordre plus adapté, le tout passant par un chaos temporaire.
      L’être humain est l’union de deux entités, l’Ego, celui qui prend pour survivre, et l’individu Altruiste, qui donne et partage avec son groupe. Un bon équilibre est nécessaire entre ces deux composants afin que l’individu s’épanouisse sans risques. Mais il arrive parfois qu’un des deux prenne le dessus sur l’autre. En l’occurrence les comportements de Prométhée sont guidés par sa personnalité altruiste. Il sacrifie tout pour les hommes, et pour une cause plus grande. C’est l’image du sacrifice, celui qui abandonne sa vie pour sauvegarder celle de l’ensemble du groupe. C’est négatif pour l’individu, mais souvent le sacrifice sauvegarde le groupe entier et lui permet de s’épanouir. Il arrive que Dieu pousse un être au sacrifice par les stimulations qu’il lui envoie, mais ce n’est pas un mal pour autant, mais un sacrifice nécessaire.

  2. nina

    https://www.cairn.info/revue-poesie-2010-4-page-114.htm

    « Edgar Quinet généralise son propos sur un mode qui a de quoi surprendre. Il écrit : « Les fondateurs du christianisme se sont attachés à interpréter de cette manière la figure de Prométhée. […] Souvent ils ont comparé le supplice du Caucase à la passion du Calvaire, faisant ainsi de Prométhée un Christ avant le Christ. » »

    Simone Veil :  » Le Christ a indiqué son affinité avec Prométhée », écrit-elle, quand il dit « je suis venu jeter un feu sur terre ». Simone Weil tient à indiquer tout ce qui lui semble relever d’« analogies » ou de « concordances » entre certains aspects de la pensée grecque et tel ou tel élément propre au christianisme. Ainsi, elle parle d’une « vérité essentielle, qui est au centre du christianisme, et que les Grecs connaissaient parfaitement bien ; à savoir la possibilité du malheur des innocents ». »

  3. nina

    D’après les textes anciens
    Prométhée subit un châtiment pour avoir enfreint la loi des Dieux. Il a été supplicié.
    Le Christ a donné volontairement sa vie pour sauver l’humanité condamné par le péché d’Adam et d’Eve.
    Deux gestes de générosité parfaite et de renoncement à soi -même ! Offerts à l’humanité.
    Un grand mystère que tout ceci : donner sa vie pour le bien des hommes, améliorer leur quotidien, les libérer, leur accorder ce qui appartient aux dieux, faire d’eux des dieux ; don gratuit qui rend sacré celui qui apporte ce cadeau alors pourquoi le supplice est il nécessaire ?
    il existe un lien entre les époques religieuses, les époques historiques ; chaque peuple porte en lui les graines du futur et tout va vers un achèvement.
    En quoi supplice, torture et châtiment sont ils bénéfiques tout autant au « héros-dieu » qu’à l’humanité ?

  4. Vérène Schaeffer

    Le vol du feu de rappelle le péché originel du livre de la Genèse (Ancien Testament). Après avoir croqué du fruit défendu de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, Adam et Eve sont chassés du paradis : ils entrent dans un monde de travail, de souffrance, de honte et de mort.
    Notons cependant que dans le mythe de Prométhée, ce n’est pas un homme qui commet le péché originel, mais un Titan. Ce Titan (Prométhée) rappelle le serpent tentateur du livre de la Genèse, notamment dans son caractère rusé et décentré.
    Quoi qu’il en soit, l’Homme intègre sa nouvelle condition : désormais, il doit travailler pour subsister. Il perd son caractère spontané et naturel ; il est condamné à vivre dans l’effort, le questionnement, le doute, la honte et la culpabilité.
    Au final, le mythe de Prométhée pointe le risque de déséquilibre et de décentrage dû à la condition humaine. L’Homme possède le feu sacré de la connaissance, mais en est-il vraiment digne ? Les désordres écologiques actuels semblent indiquer que non.
    L’Homme devra se réinventer pour survivre, peut-être en passant un nouveau pacte avec les dieux, autrement dit en pratiquant une nouvelle spiritualité. Car le principal obstacle à la survie de l’Homme est l’Homme lui-même. A ce titre, le mythe de Prométhée peut être assimilé à celui du progrès technique.

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